Chapitre 7

 

La colère ne me quitta pas de l’après-midi. Je restai enfermée dans ma chambre car je n’avais envie de parler personne, et surtout pas à Bones. Lui aussi avait décidé de me laisser seule, il n’était même pas monté une seule fois pour essayer de me voir.

Mais alors que le ciel s’assombrissait, je me dis que je ne pouvais pas rester là à bouder. Je repris une douche et descendis. Rodney avait préparé le dîner. Dieu seul savait où il s’était procuré les steaks ; il devait avoir envoyé quelqu’un faire les courses.

Don, assis à table avec ma mère, m’adressa un sourire glacial.

— Nous discutions de la possibilité d’enrôler Rodney dans l’équipe comme cuistot. Je crois que cela améliorerait la production de trente pour cent.

J’émis un petit rire tout en remarquant que Bones était dehors, sur le porche.

— Peut-être même plus. Et puisqu’on parle de l’équipe, où se trouve le nouveau QG ?

— Dans le Tennessee, dans un ancien abri antiatomique qui était occupé par la CIA. Après quelques petites rénovations, on devrait pouvoir être de nouveau opérationnels dans une semaine ou deux. Grâce à ses renforcements souterrains, cet emplacement est le choix le plus sûr.

— Tout à fait d’accord. Quand est-ce que vous vous y rendez ?

— Dans la nuit. (Don adressa un signe de tête à ma mère.) On vous y aménagera également un logis. Nous avons aussi fait déménager vos amis Denise et Randy, dans le cas peu probable où Max aurait découvert leur adresse en même temps que la vôtre.

— Bon Dieu, je n’y avais même pas pensé ! m’exclamai-je en me fustigeant intérieurement.

Comment avais-je pu ne pas songer à la sécurité de ma meilleure amie et de son mari ?

Don soupira.

— Vous aviez d’autres soucis. Rien de plus normal quand on est torturé par un sadique et qu’on frôle la mort.

Rodney posa une assiette devant moi et une autre devant ma mère. Moi qui m’attendais à la voir la lui lancer au visage, je manquai de m’évanouir en la voyant commencer à manger. Peut-être que l’un des vampires s’était lassé de l’entendre continuellement râler et l’avait mordue pour la mettre de meilleure humeur ?

Elle remarqua mon expression ahurie.

— J’ai surveillé ce qu’il a mis dedans, dit-elle, sur la défensive.

Rodney, loin de se sentir insulté, éclata de rire.

— Tout le plaisir est pour moi, Justina.

Je me forçai à détacher les yeux du spectacle incroyable que m’offrait ma mère, occupée à déguster un plat préparé par une goule.

— Puisque vous partez tout à l’heure pour le nouveau QG, Don, je vais avec vous.

Bones était en train de faire les cent pas sur le porche en parlant au téléphone. En entendant ces mots, il s’arrêta.

Don jeta un regard entendu en direction de la fenêtre avant de reporter son attention sur moi.

— Vous êtes sûre que c’est la bonne décision ?

— À moins que vous me licenciez, je pars avec vous pour voir comment vont mes hommes, l’interrompis-je. C’est là-bas que je serai la plus utile.

Vu que de toute façon Bones ne voulait pas de moi pour sa soirée spéciale…

Je ne prêtai aucune attention aux injures que Bones marmonna. Don écarta les mains.

— Bien sûr que non, je ne vais pas vous renvoyer. Je suis sûr que les hommes seront ravis de vous voir.

— Zéro, Tick-Tock, Rattler, vous l’accompagnez, dit Bones.

Il ne prit même pas la peine d’élever la voix ou d’entrer. Mes trois gardes du corps avaient l’ouïe si fine que ce n’était pas nécessaire.

— Comment avez-vous fait pour transférer Tate jusqu’au nouveau QG ? demandai-je sans faire de commentaire sur la compagnie qui m’était imposée.

Le transport d’un vampire assoiffé de sang n’avait pas dû être de tout repos.

Don toussa.

— De la seule manière possible. Dans la capsule.

J’en restai bouche bée.

— Ça aurait pu le tuer.

Le visage de Don s’assombrit.

— C’est Tate qui en a eu l’idée. Il était conscient du danger qu’il aurait représenté pour l’équipe sans ça. Il est arrivé indemne, et il est de nouveau enfermé avec Annette et Dave. Annette dit que Tate a déjà fait des progrès et qu’il commence à mieux maîtriser sa faim.

Cela ne faisait pas même vingt-quatre heures que Tate avait été transformé.

— Waouh.

Bones rentra dans la maison. Je ne levai pas les yeux et me concentrai sur mon repas. Après avoir fini de manger, je rinçai mon assiette, la plaçai dans le lave-vaisselle et repris le chemin de ma chambre.

— Un instant, Chaton, dit Bones. (Je m’arrêtai au milieu de l’escalier. Il me tendit un objet qui scintilla à la lumière.) Est-ce que tu veux la récupérer ?

Je baissai les yeux sur ma main gauche et une bouffée de honte m’envahit. J’avais oublié de remettre ma bague de fiançailles. Bon Dieu, il fallait que je me réveille. D’abord j’avais oublié de me soucier de la sécurité de Denise et Randy, et voilà que je ne me rappelais même pas que Max avait volé ma bague. Cette histoire de torture et le fait que j’avais frôlé la mort ne pourraient pas me servir éternellement d’excuses pour toutes les bourdes que je commettais. Pas étonnant que Bones me traite comme une petite dinde… C’était exactement comme ça que je me comportais.

— Merci, dis-je en le regardant dans les yeux. Bien sûr que je veux la récupérer.

Même si j’étais fâchée qu’il refuse que je l’accompagne à sa soirée, ma colère ne durerait pas éternellement. J’étais déterminée à lui faire comprendre l’erreur qu’il commettait en me traitant comme une princesse en détresse, mais je n’allais pas pour autant mettre un terme à notre relation. Ni ce soir-là ni jamais.

Bones sourit à moitié.

— Je suis heureux de l’entendre.

Il monta les marches. Je tendis la main, mais plutôt que d’y déposer l’anneau, il le passa à mon doigt. La fraîcheur de sa peau sur la mienne, le fourmillement familier engendré par sa puissance… tout me donnait envie de me jeter dans ses bras et d’oublier le reste.

Mais il se passait tellement de choses en dehors de nous deux et de nos sentiments. Qui aurait cru que tomber amoureuse d’un vampire serait la partie la plus simple de ma vie ? Je me rappelais le temps où je pensais que son statut de mort-vivant était le plus grand obstacle qui se dressait entre nous. Je savais désormais qu’il y avait d’autres enjeux, bien plus importants.

— Je dois partir, Chaton. Don me dira où te retrouver. Je passerai te prendre plus tard.

Je retirai doucement ma main de la sienne.

— À quelle heure ?

— Un petit peu avant l’aube.

Il n’était même pas 20 heures. Bones avait prévu une fête vraiment très longue pour Max.

— OK, me contentai-je de répondre.

Il inspira lentement. Peut-être essayait-il de lire mes émotions à partir de mon odeur.

— Je t’aime, dit-il enfin, puis il partit sans attendre ma réponse.

Il était déjà en bas des marches lorsque je murmurai :

— Je t’aime aussi.

 

J’étudiai le nouveau bâtiment.

— Confortable. Pour un abri antiatomique.

— Nos faits et gestes seront beaucoup plus difficiles à surveiller, expliqua Don. L’extérieur ressemble à un aérodrome privé, et les niveaux souterrains sont très vastes. Nous améliorerons l’ensemble un peu chaque jour jusqu’à ce qu’il soit fini.

— Oh, ça me plaît.

Rattler, Zéro et Tick-Tock regardaient également autour d’eux avec curiosité. Don n’avait pas sauté de joie en voyant trois vampires inconnus m’accompagner, mais il avait dû se dire qu’il était inutile de discuter avec Bones. Rodney, Cooper et ma mère étaient partis avec ce dernier pour sa petite soirée morbide. Pas Juan, qui visitait les locaux avec moi.

— Où est l’équipe ? demandai-je.

— Au quatrième sous-sol. Les hommes sont en train d’installer le parcours d’obstacles dans la nouvelle salle d’entraînement.

J’avalai ma salive. Il allait être extrêmement difficile de rendre le QG opérationnel, et c’était entièrement ma faute. Après tout, c’était mon propre père, un vampire aux pulsions meurtrières, qui avait découvert l’emplacement de notre ancien QG.

— Je descends les voir. Vous venez ?

Don secoua la tête en signe de refus.

— Non. Je vais voir où en sont les transferts informatiques pour vérifier que toutes les données sont transmises correctement.

Je le quittai et me dirigeai vers les ascenseurs en suivant les flèches. Juan et mes trois gardiens morts-vivants m’emboîtèrent le pas.

Je passai deux heures à jouer les déménageurs aux côtés de mes hommes, pour essayer de mettre un semblant d’ordre dans la pièce. Mes trois gardes du corps morts-vivants n’auraient pas pu mieux tomber, car ils étaient capables de soulever des voitures s’ils le voulaient. Nous tirâmes le meilleur parti possible de leur présence en leur faisant porter les objets les plus lourds. Ils ne se plaignirent pas, même si je me doutais qu’ils avaient envisagé leur rôle de chiens de garde d’une tout autre manière. J’étais en train de terminer de mettre la plate-forme de rappel en place lorsque Don entra. Il me fit signe d’approcher, une expression étrange sur le visage.

— Que se passe-t-il ? m’enquis-je aussitôt en vérifiant sur mon portable que je n’avais pas manqué d’appel.

— Rien. Venez quelques instants dans mon bureau. Il y a… quelque chose que vous devriez voir.

— Pourquoi est-ce que tout le monde prend un tel plaisir à faire des mystères ? lui demandai-je.

Don ne répondit pas. Il se contenta de tourner les talons, et je lui emboîtai le pas. Mes anges gardiens arrêtèrent ce qu’ils étaient en train de faire et nous suivirent. Si seulement mes hommes étaient aussi disciplinés…

J’étais encore en train de râler lorsque nous arrivâmes au bureau de Don. La porte était fermée, et je l’ouvris d’un coup sec… avant de m’arrêter net.

Tate était devant moi, ses yeux indigo teintés de vert braqués sur moi. Je pouvais lire l’émotion contenue dans son regard. Je jetai un coup d’œil à ma montre. Il n’était que minuit passé de quelques minutes, vingt-quatre heures seulement s’étaient écoulées depuis sa transformation.

— Il maîtrise suffisamment sa faim pour avoir droit à une petite sortie, dit Annette. (Elle se tenait à côté de lui, légèrement en retrait.) Remarquable, vraiment.

Des larmes roses coulèrent des yeux de Tate.

— Je ne me le pardonnerai jamais, Cat, dit-il, son regard toujours rivé sur moi. C’est moi qui ai suggéré d’utiliser Belinda comme appât en mission, et ça a failli causer ta mort. Si tu savais comme je m’en veux.

Je touchai son visage et j’essuyai ses larmes.

— Ce n’est pas ta faute, Tate. Personne n’aurait pu le prévoir.

Il me saisit la main.

— On m’a dit que Max t’avait retrouvée. Il fallait que je voie par moi-même que tu allais bien.

Tate me prit dans ses bras et me serra si fort que je ne pus m’empêcher de penser aux bleus que son étreinte allait me valoir. Il ne devait sans doute pas s’en rendre compte, car il n’avait pas eu beaucoup de temps pour s’habituer à sa nouvelle force.

Je le repoussai.

— Tate… tu m’écrases.

Il me relâcha si vite que j’en titubai presque.

— Bon Dieu, je fais tout de travers !

J’avais remarqué que mes trois gardes se tenaient très près de moi. Leurs énergies s’entrelaçaient dans l’air, comme si Sel, Poivre et Cow-Boy, comme je les avais surnommés, s’apprêtaient à frapper.

— Détendez-vous, les gars, leur dis-je.

— Tu ne devrais pas t’approcher si près d’un vampire tout juste transformé, répondit Rattler. Ce n’est pas prudent.

Les yeux de Tate virèrent au vert.

— C’est qui, ceux-là ?

— L’instinct de protection de Bones est quelque peu excessif… Il leur a demandé de me suivre comme mon ombre en son absence.

Annette redressa la tête.

— Crispin est-il en train de s’occuper de Max ?

— Ouais. Et selon lui, je ne suis pas capable de supporter toutes les horreurs qu’il compte lui infliger. Mais il a laissé ma mère et Cooper l’accompagner. Il doit penser qu’ils sont plus résistants que moi.

— Disons plutôt qu’il se moque de l’opinion qu’ils peuvent avoir de lui, répondit Annette.

— Comme par hasard, tu le défends, ironisai-je.

Zéro, le blond au regard de glace, se rapprocha de Tate. En le voyant, je poussai un soupir d’agacement.

— Pour l’amour de Dieu, il ne va pas me mordre, alors recule.

— Ton humeur et ton odeur l’excitent, répondit Zéro d’un ton neutre. Sa transformation est trop récente pour qu’il puisse résister longtemps à de tels stimuli.

Je jetai un regard à Tate. Ses yeux brillaient comme des émeraudes, et si j’avais pu voir son aura, elle aurait certainement été étincelante. Le pâlichon n’avait peut-être pas tort, après tout.

— Je ne lui ferais jamais de mal, grogna Tate.

Don, qui n’avait rien dit depuis le début de la scène, intervint.

— Alors prouvez-le en retournant dans votre cellule.

Tate s’avança vers Don avant de sembler se maîtriser. Il inspira longuement et expira par le nez.

— Vous avez raison. Toutes les personnes présentes qui ont un pouls commencent à sentir dangereusement bon. OK. Je rentre dans ma cage, mieux vaut prévenir que guérir.

Il me frôla en partant et prit une nouvelle inspiration, longue et profonde.

— Tu sens le miel et le lait, Cat. Je vais me forcer à respirer toute la nuit, juste pour profiter de ton odeur sur ma peau.

Et merde. Pourquoi est-ce qu’il fallait qu’il dise des trucs comme ça ?

Tick-Tock posa sa main sur le couteau qu’il portait à la ceinture. Zéro se plaça devant moi et manqua de peu de m’écraser les orteils. Rattler se contenta de secouer la tête.

— Tu mourras une seconde fois, mon gars, si tu continues à parler comme ça.

Tate le regarda avec froideur.

— Sans blague ? Je tremble de peur.

Puis il partit en direction des ascenseurs qui le conduiraient au dernier sous-sol où se trouvait sa cellule.

Je me raclai la gorge.

— Bon. Dans le genre embarrassant…

Annette fit une moue.

— Puis-je te dire un mot avant d’aller rejoindre Tate ?

Je haussai les épaules.

— Bien sûr. Qu’est-ce qu’il y a ?

Elle regarda autour de nous.

— En privé.

— D’accord, comme tu veux. Allons dans mon nouveau bureau.

Mes trois croque-mitaines n’essayèrent pas de nous suivre. Visiblement, ils ne considéraient pas Annette comme une menace. Pourtant, c’était avec elle que j’avais le plus de chances d’en venir aux mains.

Je fermai la porte, plus pour me donner l’illusion que notre conversation resterait privée que pour véritablement empêcher les morts-vivants de nous entendre ; je savais pertinemment qu’ils y parviendraient s’ils le voulaient.

— Je t’écoute.

Annette s’assit dans l’un des deux fauteuils de la pièce.

— Crispin a raison de te laisser en dehors de tout cela, Cat. Même si de toute évidence tu lui en veux.

Je fis les gros yeux.

— Pitié, ne commence pas !

Elle riva son regard sur moi.

— À quatorze ans, on m’a mariée de force avec l’homme le plus odieux et le plus répugnant que j’avais jamais rencontré… jusque-là. La troisième nuit, Abbot a demandé à l’une des femmes de chambre de nous rejoindre au lit. J’ai refusé, et il m’a battue. Après cela, chaque fois qu’il amenait une femme dans notre chambre, je n’ai plus rien dit. Quelques années plus tard, une duchesse nommée lady Geneviève nous a invités, Abbot et moi, dans son domaine pendant que son mari était à la cour. Elle a drogué Abbot et, une fois qu’il s’est endormi, elle m’a dit quelle avait une surprise pour moi. Quelqu’un a frappé à la porte de sa chambre, puis un jeune homme est entré. Tu devines de qui il s’agissait.

— Est-ce vraiment indispensable ? D’un point de vue objectif, c’est tout à fait fascinant, mais je n’ai pas envie de t’entendre me raconter tes souvenirs de parties de jambes en l’air avec Bones.

Elle fit un geste de la main.

— Attends. Crispin et moi étions tous les deux victimes des circonstances, vois-tu. À cette époque, le divorce n’existait que pour les rois, et la femme n’était rien d’autre qu’une machine à assurer la reproduction. J’ai attendu un enfant, dont j’ignorais qui était le père, car je couchais alors avec Crispin et avec Abbot, mais au moment de l’accouchement, Abbot a refusé d’appeler une sage-femme. Le bébé s’est présenté par le siège, j’ai failli mourir d’une hémorragie, et mon fils nouveau-né s’est étranglé avec son cordon.

Je sentis mon irritation se dissiper aussitôt. Même plus de deux cents ans après, la douleur que je percevais dans la voix d’Annette était encore à vif.

— Je suis désolée, dis-je, sincère.

Elle hocha la tête.

— Le traumatisme de l’accouchement m’a rendue stérile, et j’ai été malade durant des mois. Crispin a pris discrètement soin de moi pendant ma convalescence. Puis, peu de temps après, il s’est fait arrêter pour vol. Lady Geneviève s’est arrangée pour m’obtenir un tête-à-tête avec le magistrat. J’ai réussi à le convaincre de ne pas pendre Crispin, et de commuer sa peine en travaux forcés dans les colonies de Nouvelle-Galles du Sud. C’était le moins que je pouvais faire pour remercier Crispin de ses nombreux égards.

— Merci pour lui.

Je n’avais jamais remercié Annette jusqu’ici, mais, dans la situation présente, il était plus que temps que je le fasse. D’accord, Annette et moi n’étions pas les meilleures amies du monde, mais sans elle – et sans Ian, maintenant que j’y pensais — Bones serait mort au XVIIe siècle.

— J’ai vécu les dix-neuf années qui ont suivi dans une détresse absolue. Puis une nuit, quelqu’un a frappé à la porte de notre chambre. Abbot l’a ouverte et a été aussitôt projeté en arrière. L’intrus a rejeté sa capuche, et j’ai reconnu Crispin, qui n’avait pas pris une ride depuis la dernière fois que je l’avais vu.

» Crispin m’a dit qu’il ne m’avait pas oubliée, pas plus que les souffrances que j’avais endurées. Il a brisé tous les os d’Abbot, et, après l’avoir tué, il m’a révélé ce qu’il était devenu et m’a laissé le choix. À présent qu’Abbot était mort, j’allais hériter de toute sa fortune et j’aurais pu finir ma vie à la cour. Mais à mes yeux, ce n’était que quitter une cage pour une autre, aussi ai-je choisi l’autre option que me proposait Crispin. Il m’a transformée, et il n’a cessé de me protéger depuis. (Elle s’interrompit pour essuyer une larme.) J’en arrive enfin à ce que je voulais te dire. Tu es forte, Cat, mais tu n’es pas cruelle. Pas plus que Crispin, à moins qu’on le mette en rage ou qu’on ne lui laisse pas d’autre choix ; là, il devient cruel. Tu serais choquée de voir jusqu’où il peut aller, et pourtant crois bien qu’il n’en ferait pas plus que nécessaire. Crispin s’en veut, et il a en partie raison. Les vampires respectent ceux qu’ils craignent. Ils considèrent la pitié comme une marque de faiblesse. Témoigne-lui assez d’amour pour lui accorder cela, même si c’est au prix de ta fierté.

Elle se leva. Malgré la journée qu’elle venait de passer, enfermée dans une pièce avec Tate, elle était aussi pimpante que si elle sortait d’un salon de beauté.

— Je ne comprends pas, dis-je enfin. Pourquoi essaies-tu d’arranger les choses entre Bones et moi ? Il n’y a pas si longtemps, tu as fait tout ton possible pour nous séparer.

Elle s’arrêta à mi-chemin de la porte.

— Parce que je l’aime. Même si je l’ai perdu, je veux tout de même qu’il soit heureux.

Elle sortit, mais j’attendis plusieurs minutes avant de l’imiter. Les choses étaient plus simples lorsque je pouvais détester Annette ; elles l’étaient beaucoup moins à présent qu’elle avait réussi à me convaincre que je ferais bien d’écouter ses conseils.

Froid comme une Tombe
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